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SCÈNE XIII.

— Par ce beau soleil qui me montre où tu es, — je t’ai entendu dire, et dire en t’en vantant, — que tu étais l’auteur de la mort du noble Glocester. — Si tu le nies, tu en as vingt fois menti ; — et je rejetterai ton imposture dans ton cœur, — qui l’a forgée, avec la pointe de ma rapière.

aumerle.

— Lâche, tu n’oserais vivre assez pour voir un pareil jour.

fitzwater.

— Ah ! sur mon âme, je voudrais que ce fût sur l’heure.

aumerle.

— Fitzwater, tu es désormais un damné de l’enfer.

percy.

— Aumerle, tu mens ; il est aussi honorable — en ce défi que tu es déloyal : — en foi de quoi, je jette ici mon gage, — je soutiendrai mon dire jusqu’à l’extinction — de ton souffle mortel. Ramasse, si tu l’oses.

Il jette son gant.
aumerle.

— Si je ne le fais pas, puisse ma main tomber en pourriture, — et ne plus jamais brandir l’acier vengeur — sur le casque étincelant de mon ennemi !

un lord.

— Je fais le même vœu, parjure Aumerle ; — et je te provoque par tous les démentis — qui peuvent être hurlés à ton oreille traîtresse — d’un soleil à l’autre. Voici le gage de mon honneur ; — mets-le à l’épreuve, si tu l’oses.

aumerle.

— Qui me défie encore ? par le ciel, je jette le gant à tous : — j’ai dans ce seul cœur mille esprits — pour tenir tête à vingt mille comme vous.

surrey.

— Milord Fitzwater, je me rappelle très-bien — le moment ou vous causiez avec Aumerle.