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RICHARD II.

bolingbroke, à Aumerle.

— Cousin, avancez, et regardez cet homme.

bagot.

— Milord Aumerle, je sais que votre langue hardie — dédaignerait de se démentir. — À cette époque funèbre où fut complotée la mort de Glocester, — je vous ai entendu dire : N’ai-je pas le bras long, — moi qui, de cette paisible cour d’Angleterre, puis atteindre — jusqu’à Calais la tête de mon oncle ? — Entre autres propos, à cette même époque, — je vous ai ouï dire — que vous refuseriez — l’offre de cent mille couronnes — plutôt que de consentir au retour de Bolingbroke en Angleterre ; et vous avez ajouté — que la mort de votre cousin serait une bénédiction pour ce pays.

aumerle.

— Princes et nobles lords, — quelle réponse dois-je faire à cet homme vil ? — Dois-je déshonorer mon illustre étoile — en me faisant son égal pour lui infliger un châtiment ? — Ou je dois m’y résoudre ou laisser souiller mon honneur — par l’accusation de ses lèvres calomnieuses… — Voici mon gage, sceau manuel de mort — qui te marque pour l’enfer ! Je dis que tu mens, — et je soutiendrai que ce que tu as dit est faux, — je le soutiendrai dans le sang de ton cœur, tout indigne qu’il est — de ternir la trempe de ma chevaleresque épée !

Il jette son gant.
bolingbroke.

— Bagot, arrête, je te défends de le relever.

aumerle.

— Je voudrais que ce fût le plus illustre de cette assemblée, — hormis un seul, qui m’eût ainsi provoqué.

fitzwater.

— Si ta valeur exige la parité, — voici mon gage, Aumerle, en échange du tien.

Il jette son gant.