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RICHARD II.

— C’est une tâche aisée que de conquérir ce qui est à nous… — Dis-moi, Scroop, où est mon oncle avec ses forces ? — Que tes paroles me soient douces, ami, si ta mine m’est amère !

scroop.

— On juge par l’aspect du ciel — l’état et la disposition du temps ; — de même vous pouvez juger, à mon air triste et accablé, — que ma langue n’a à dire que les plus tristes choses. Je serais un bourreau, si, détail à détail, — je prolongeais le plus douloureux récit. Votre oncle York s’est joint à Bolingbroke ; — tous vos châteaux du Nord se sont rendus, — et tous vos gentilshommes du Sud ont pris les armes — en sa faveur.

richard.

Tu en as dit assez !…

À Aumerle.

— Maudit sois-tu, cousin, de m’avoir écarté — de la douce voie du désespoir ! — Que dis-tu maintenant ? Quelle espérance avons-nous maintenant ? — Par le ciel, je haïrai éternellement — quiconque me dira encore d’espérer. — Allons au château de Flint ; c’est là que j’agoniserai. — Un roi, esclave du malheur, doit obéir royalement au malheur, — Licenciez les forces qui me restent ; et qu’elles aillent — cultiver un terrain qui offre encore quelque espoir de récolte ; — chez moi il n’en est plus. Qu’on ne me parle pas — de revenir sur ceci. Tout conseil serait vain.

aumerle.

— Un mot, mon suzerain.

richard.

Il m’offense doublement — celui qui me blesse par les flatteries de son langage. — Licenciez ceux qui me suivent ; laissez-les aller… Qu’ils passent — de la nuit de Richard au grand jour de Bolingbroke !

Ils sortent.