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SCÈNE IX.

salisbury.

— Ah ! Richard ! c’est avec le regard d’une âme accablée — que je vois ta gloire, comme une étoile filante, — tomber du firmament sur la terre abjecte ! — Ton soleil se couche en pleurant au fond de l’occident, — annonçant les orages à venir, le malheur et le désordre. — Tes amis ont fui pour se joindre à tes ennemis ; — et tous les destins marchent contre ta fortune.

Il sort.

SCÈNE IX.
[Le camp de Bolingbroke à Bristol.]
Entrent Bolingbroke, York, Northumberland, Percy, Willoughbv, Ross, suivis d’officiers qui amènent Bushy et Green prisonniers.
bolingbroke.

Faites avancer ces hommes. — Bushy et Green, je ne veux pas tourmenter vos âmes, — qui vont dans un moment être séparées de vos corps, — par une trop longue dénonciation de vos funestes existences ; — car ce ne serait pas charitable. Néanmoins, pour laver mes mains — de votre sang, ici, à la vue de tous, — je veux exposer quelques-uns des motifs de votre mort. — Vous avez égaré un prince, un roi vraiment royal, — un parfait gentilhomme de race et de nature ; — vous l’avez complètement dénaturé et défiguré. — Dans vos criminels loisirs, vous avez, en quelque sorte, — établi un divorce entre la reine et lui ; — vous avez dépossédé le lit royal, — et flétri les belles joues d’une charmante reine — avec les larmes arrachées de ses yeux par vos noirs outrages. — Moi-même, prince par la fortune de ma naissance, — proche du roi par le sang, proche de lui par l’affection — jusqu’au jour où vous m’avez fait méconnaître par lui, — j’ai dû courber la tête sous vos injures, — et exhaler