Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
SCÈNE VI.

d’envoyer immédiatement mille livres. — Tiens, prends mon anneau.

le serviteur.

— Milord, j’avais oublié de le dire à votre seigneurie, — aujourd’hui, en venant, j’y ai passé… — Mais je vais vous affliger si je vous révèle le reste.

york.

— Qu’est-ce, maraud ?

le serviteur.

— Une heure avant mon arrivée, la duchesse était morte.

york.

— Miséricorde ! quelle marée de malheurs — vient fondre tout à coup sur cette malheureuse terre ! — Je ne sais que faire… Plût à Dieu que, — sans que je l’y eusse provoqué par aucune trahison, — le roi eût pris ma tête avec celle de mon frère ! — Eh bien, a-t-on dépêché des courriers pour l’Irlande ? — Comment trouver de l’argent pour cette guerre ? — Venez, ma sœur… ma nièce, veux-je dire ! pardonnez, je vous prie…

Au serviteur.

— Va, l’ami, rends-toi chez moi, procure-toi des chariots, — et rapporte toutes les armes qui sont là.

Le serviteur sort.
Aux seigneurs.

— Messieurs, voulez-vous aller rassembler vos hommes ? Si je sais — comment et par quel moyen mettre ordre aux affaires — désordonnées qui me tombent sur les bras, — qu’on ne me croie jamais !… Tous deux sont mes parents : — l’un est mon souverain, que mon serment — et mon devoir m’enjoignent de défendre ; par contre, l’autre — est mon neveu, que le roi a lésé, — à qui la conscience et ma parenté m’enjoignent d’obtenir réparation. — Il faut pourtant faire quelque chose…