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RICHARD II.

vaux du privilége de la fièvre, — pour oser avec ta morale glacée — faire pâlir notre joue, pour oser, dans ton délire, — chasser le sang royal de sa résidence native ! — Ah ! par la très-royale majesté de mon trône, — si tu n’étais le frère du fils du grand Édouard, — cette langue, qui roule si rondement dans ta tête, — ferait rouler ta tête de tes insolentes épaules !

jean de gand.

— Oh ! ne m’épargne pas, fils de mon frère Édouard, — par cette raison que je suis le fils d’Édouard son père ! — Pareil au pélican, tu as déjà tiré — de ce sang et tu t’en es enivré. — Mon frère Glocester, cette âme si franchement bienveillante, — (veuille le ciel l’admettre à la félicité parmi les âmes bienheureuses !) — peut te servir de précédent, pour témoigner — que tu ne te fais pas scrupule de verser le sang d’Édouard. — Ligue-toi avec mon mal présent ; — et que ta cruauté s’associe à la vieillesse crochue — pour faucher d’un coup une fleur depuis trop longtemps flétrie. — Vis dans ton infamie, mais que ton infamie ne meure pas avec toi ! — Et puissent ces derniers mots être à jamais tes bourreaux !… — Portez-moi à mon lit, et puis à ma tombe ! — Que ceux-là aiment la vie qui ont encore l’amour et l’honneur !

Il sort, emporté par ses gens.
richard.

— Et que ceux-la meurent qui n’ont plus que la vieillesse et l’humeur sombre ! — Tu n’as plus qu’elles deux, et toutes deux sont faites pour la tombe.

york.

— Je supplie Votre Majesté de n’imputer ces paroles — qu’à l’humeur d’une sénilité maladive. — Il vous aime, sur ma vie, et vous chérit — autant que Henry, duc de Hereford, s’il était ici.

richard.

— C’est juste ; vous dites vrai : son affection ressemble