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APPENDICE.

— Très-sacré empereur, la cruelle ingratitude et incroyable injustice de votre gouverneur et lieutenant en Inspruck, en mon endroit, m’a fait venir devant Votre Majesté, espérant qu’elle emploiera tellement sa justice accoutumée, qui ne défaillit oncques au pauvre affligé, que comme je me dois plaindre infiniment de Juriste, pour le tort qu’il m’a fait, le plus grand qu’il fût jamais, il ne se glorifiera pas de m’avoir assassinée et brigandée : qu’il me soit loisible d’user de cette parole devant Votre Majesté, laquelle semblant rude, n’égale néanmoins la cruelle et non jamais ouïe honte et infamie, que m’a fait ce mauvais homme, qui s’est fait connaître à moi, tout d’un coup, et très-injuste et très-ingrat.

Et pleurant étrangement en cet endroit, elle récita à Sa Majesté la cruauté et injustice de Juriste, avec tant de larmes et lamentations, qu’elle émut à pitié l’empereur et les autres seigneurs qui étaient entour Sa Majesté, tous étonnés d’un fait tant horrible.

Mais combien que Maximian eût grande compassion d’elle, ayant néanmoins prêté une oreille à Épitia, il garda l’autre pour Juriste. Et ayant envoyé la femme se reposer, il fit venir Juriste et enchargea à tous de ne lui dire mot de ceci.

Quand Juriste fut devant l’empereur, il fit appeler incontinent Ëpitia.

Juriste voyant celle qu’il avait grièvement offensée, vaincu de la conscience, fut tellement éperdu, qu’étant abandonné des esprits vitaux, il commença du tout à trembler.

Maximian, voyant cela, tint pour certain que la femme lui avait dit la vérité, et s’adressant à Juriste, avec la sévérité requise en un cas tant cruel, il dit :

— Oyez de quoi cette jeune fille se plaint de vous.