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MESURE POUR MESURE, TIMON D’ATHÈNES, ETC.
timon.

Eh bien, prends-en donc.

Il leur jette à la tête des pierres peintes comme des artichauts.

Oui, tu en auras, toi et vous tous ! — Méchants, bas, perfides, coquins, croyez-vous ma haine si vite éteinte !

Timon bat Hermogènes plus fort que tous les autres.
demeas.

O ma tête !

hermogènes.

O mes joues !

philon.

Est-ce là un festin ?

gelas.

Un festin de pierres, vraiment.

stilpo.

Les pierres sublunaires sont de la même substance que les célestes.

timon.

Si je tenais dans ma main l’effrayant foudre — de Jupiter, je le lancerais ainsi sur toi.

Il frappe Hermogènes.
hermogènes.

Malheur ! Hélas ! ma cervelle a sauté !

gelas.

Hélas ! hélas ! je n’ai pas la chance de voyager aux Antilopes en ce moment ! Ah ! que n’ai-je ici mon Pégase ! Je m’enfuirais, par Jupin !

Tous sortent, excepté Timon et Lachès.
timon.

Vous êtes une génération de pierre, — ou plus dure, si l’on peut trouver quelque chose de plus dur. — Monstres inhospitaliers de Scythie ! Démons qui font horreur aux dieux !

lachès.

Maîtres, ils sont partis. —

(Acte IV, Scène V.)

Nous n’aurions même pas mentionné cette farce puérile, si des commentateurs qui ont fait longtemps autorité, Steevenus et Malone, n’avaient osé dire qu’elle a servi de modèle à Shakespeare. Il semble que la critique anglaise depuis un siècle ait eu pour unique préoccupation de justifier