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SCÈNE XIV.

sein. Cependant, tenez pour certain — que c’est un parfait scélérat.

le peintre.

— Je ne connais personne qui soit ainsi, monseigneur.

le poète.

Ni moi.

timon.

— Écoutez, je vous aime beaucoup ; je vous donnerai de l’or, — mais chassez-moi ces misérables de votre compagnie ; — pendez-les, poignardez-les, noyez-les dans les latrines, — exterminez-les par un moyen quelconque, et venez à moi : — je vous donnerai de l’or à foison.

le peintre et le poète.

Nommez-les, monseigneur, faites-les connaître.

timon.

— Allez, vous, d’un côté, et vous, de l’autre ; vous serez encore deux ensemble : — chacun de vous, mis à part et isolé, — n’en aura pas moins dans sa compagnie un archi-scélérat.

Montrant le poète au peintre.

— Si tu ne veux pas que, là où tu es, il y ait deux scélérats, — n’approche pas de lui.

Montrant le peintre au poète.

Si tu veux que, là où tu résides, — il n’y ait qu’un scélérat, eh bien, quitte-le ! — Arrière ! décampez ! vous veniez chercher de l’or ; en voilà, misérables ! — Vous avez un travail pour moi : en voilà le paiement ! Arrière !… — Vous êtes alchimistes ; faites de l’or avec ça. — Loin d’ici, chiens infâmes !

Il les chasse à coups de pierres et rentre dans sa caverne.


Entrent Flavius et deux sénateurs.
flavius.

— C’est en vain que vous voudriez parler à Timon ; — il