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TIMON D'ATHÈNES.

Athènes ; vrai, tu es le premier : — tes portraits sont vivants.

le peintre.

Passablement, passablement, monseigneur.

timon.

Je dis ce qui est, mon cher.

Au poète.

Quant à tes fictions, — le vers y coule avec un nombre si gracieux et si aisé, — que tu restes naturel, même dans ton art. — Mais, malgré tout cela, mes honnêtes amis, — je dois vous le dire, vous avez un petit défaut. — Morbleu ! il n’a rien en vous de monstrueux ; et je ne désire même pas — que vous preniez la peine de vous en corriger.

le peintre et le poète.

Nous supplions Votre Honneur — de nous le faire connaître.

timon.

Vous le prendrez mal.

le peintre et le poète.

— Nous vous en saurons le meilleur gré, monseigneur.

timon.

Bien vrai ?

le peintre et le poète.

— N’en doutez pas, digne seigneur.

timon.

— Eh bien, chacun de vous se fie à un coquin — qui le trompe effrontément.

le peintre et le poète.

Vous croyez, monseigneur ?

timon.

— Oui ; vous l’entendez mentir, vous le voyez dissimuler, — vous connaissez sa supercherie grossière, et vous l’aimez, vous le nourrissez, — vous le pressez contre votre