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SCÈNE XIV.

le peintre.

Pas autre chose. Vous le verrez de nouveau porter la palme dans Athènes, aussi florissant que les plus grands. Donc nous ne ferons pas mal de lui offrir nos services dans sa prétendue détresse. Cela aura l’air honnête de notre part, et pourra bien combler l’espoir qui nous attire ici, si les bruits qui courent sur sa richesse sont exactes et véridiques.

le poète.

Qu’avez-vous à lui offrir, à présent ?

le peintre.

Rien que ma visite pour le moment ; seulement je lui promettrai un chef-d’œuvre.

le poète.

Je le servirai de la même façon, et lui parlerai d’un projet que j’ai pour lui.

le peintre.

Excellent ! Promettre est tout à fait du bel air ; cela ouvre les yeux de la curiosité. Exécuter est toujours un acte inférieur ; et, excepté parmi les gens les plus naïfs et les plus simples, tenir sa parole est tout à fait hors d’usage. La promesse est ce qu’il y a de plus courtois et de plus fashionable ; l’exécution est une sorte de codicille ou de testament qui atteste une maladie grave dans le jugement de l’auteur.

timon, à part.

Excellent artiste ! tu ne saurais peindre un homme aussi hideux que toi.

le poète.

Je me demande quel ouvrage je dirai avoir préparé pour lui. Ce devra être une personnification de lui-même ; une satire contre la mollesse de la prospérité, avec une dénonciation des innombrables flatteries qui poursuivent la jeunesse et l’opulence.