Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
310
TIMON D'ATHÈNES.

d’Hymen ! vaillant Mars ! — séducteur toujours jeune, frais, délicat et aimé — dont la rougeur fait fondre la neige consacrée — qui couvre le giron de Diane ! dieu visible — qui rapproches les incompatibles — et les fais se baiser ! qui parles par toutes les bouches — dans tous les sens ! Ô pierre de touche des cœurs ! — traite en rebelle l’humanité, ton esclave, et par ta vertu — jette-la dans un chaos de discordes, en sorte que les bêtes — puissent avoir l’empire du monde !

apemantus.

Ainsi soit-il, — mais après ma mort !

Il s’avance.

Je dirai que tu as de l’or ; — et tu seras bientôt accablé de visites.

timon.

Accablé ?

apemantus.

Oui.

timon.

— Tourne-moi le dos, je t’en prie.

apemantus.

Vis et attache-toi à ta misère.

timon.

— Toi, vis longtemps et meurs attaché à la tienne !

Apemantus sort.

J’en suis quitte… — Encore des êtres à face humaine !… Mange, Timon, en les maudissant.


Entrent des bandits.
premier bandit.

Où peut-il avoir eu cet or ? c’est quelque pauvre débris, quelque chétif reste de sa fortune. Le besoin d’argent et la défection de ses amis l’ont jeté dans cette mélancolie.