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SCÈNE XIII.

timon.

— Quand je te nomme. — Je te battrais volontiers, mais j’infecterais mes mains.

apemantus.

— Je voudrais sur ma parole les faire tomber en pourriture.

timon.

— Arrière, engeance de chien galeux ! — Je me meurs de colère à te voir vivant ; — je me trouve mal à ton aspect.

apemantus.

Puisses-tu crever !

timon.

Arrière, — fastidieux coquin ! je regrette de perdre une pierre pour toi.

Il lui jette une pierre.
apemantus.

Brute !

timon.

Misérable !

apemantus.

Crapaud !

timon.

Coquin, coquin, coquin !

Apemantus fait mine de se retirer et se cache.

— Je suis écœuré de ce monde hypocrite ; et je n’en veux accepter — que les nécessités essentielles. — Donc, Timon, creuse sur le champ ta tombe ; — choisis, pour y reposer, un lieu où la blanche écume de la mer puisse fouetter — chaque jour ta pierre tumulaire ; compose ton épitaphe, — en sorte que ta mort nargue la vie des autres !…

Il regarde de l’or.

— Ô toi, doux régicide ! cher agent de divorce — entre le fils et le père ! brillant profanateur — du lit le plus pur