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TIMON D'ATHÈNES.

que jour des révoltes — parmi mes bandes besoigneuses. J’ai appris avec douleur — que la maudite Athènes, insoucieuse de ton mérite, — oubliant combien tu fus héroïque à une époque où des États voisins — l’auraient écrasée, sans ton épée et ta fortune…

timon.

— Je t’en prie, bats le tambour et va-t’en.

alcibiade.

— Je suis ton ami et je te plains, cher Timon.

timon.

Comment peux-tu plaindre celui que tu importunes ? — J’aimerais mieux être seul.

alcibiade.

Eh bien, adieu. — Voici de l’or pour toi.

timon.

Garde-le ; je ne peux pas le manger.

alcibiade.

— Quand j’aurai fait de la fière Athènes un monceau de ruines…

timon.

— Tu fais la guerre aux Athéniens !

alcibiade.

Oui, Timon, et pour cause.

timon.

— Que les dieux les exterminent tous dans ton triomphe, et toi — ensuite, quand tu auras triomphé !

alcibiade.

— Moi ! pourquoi, Timon ?

timon.

Parce que — tu étais né pour triompher de ma patrie par une tuerie de scélérats. — Garde ton or… En avant… ! Voici de l’or… En avant ! — Sois comme un fléau planétaire, alors que Jupiter — suspend ses poisons dans l’air vicié — au-dessus d’une ville corrompue. Que ton