Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
297
SCÈNE XIII.

timon.

— Promets-moi ton amitié, mais ne tiens pas ta promesse. Si — tu ne veux pas promettre, que les dieux te punissent — d’être un homme ! Si tu tiens ta promesse, qu’ils te confondent — d’être un homme !

alcibiade.

— J’ai ouï parler vaguement de tes malheurs.

timon.

— Tu les vis quand j’étais dans la prospérité.

alcibiade.

— Je les vois maintenant ; alors tu étais fortuné.

timon.

— Comme tu l’es maintenant, dans l’étreinte de deux gourgandines.

timandra.

— Est-ce là ce mignon d’Athènes que le monde — prônait si respectueusement ?

timon.

Es-tu Timandra ?

timandra.

Oui.

timon.

— Sois toujours une putain ! Ceux qui usent de toi ne t’aiment pas. — Donne-leur des maladies en échange de la souillure qu’ils te laissent. — Utilise tes heures de lubricité : assaisonne ces drôles-là — pour l’étuve et le bain : réduis à l’abstinence et à la diète — la jeunesse aux joues roses.

timandra.

Au gibet, monstre !

alcibiade.

— Pardonne-lui, charmante Timandra : car sa raison — s’est noyée et perdue dans ses calamités. Il ne me reste que peu d’or, brave Timon, — et cette pénurie cause cha-