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SCÈNE X.

sants, détestables ! — destructeurs courtois, loups affables, ours doucereux, — bouffons de la fortune, amis de l’assiette, mouches de la saison, — complaisants du chapeau et du genou, dévouements vaporeux, automates de la minute ! — Que les maladies innombrables de l’homme et de la bête — vous couvrent de leur lèpre !… Quoi ! tu l’en vas, toi ! — Doucement !… prends ta potion d’abord !… Toi aussi ! toi aussi !…

Il jette les plats à la tête des convives et les chasse l’un après l’autre.

— Arrête, je veux te prêter de l’argent, non t’en emprunter. — Quoi ! tous en fuite ! Que désormais il n’y ait plus de fête — où un scélérat ne soit le bienvenu. — Maison, brûle ; Athènes, croule. Que désormais soient voués à la haine — de Timon l’homme et l’humanité !

Il sort.


Rentrent plusieurs des seigneurs et des sénateurs.
premier seigneur.

Eh bien, messeigneurs ?

deuxième seigneur.

Comment qualifiez-vous cette fureur du seigneur Timon ?

troisième seigneur.

Morbleu ! avez-vous vu ma toque ?

quatrième seigneur.

J’ai perdu ma robe.

troisième seigneur.

Ce seigneur n’est qu’un fou que le caprice seul gouverne. L’autre jour il m’a donné un joyau, et aujourd’hui il le fait sauter de mon chapeau… Avez-vous vu mon joyau ?

quatrième seigneur.

Avez-vous vu ma toque ?