Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
SCÈNE VI.

lucius.

Servilius ! Enchanté de t’avoir rencontré, mon cher… Salut !… Recommande-moi à ton honorable et vertueux maître, mon ami très-exquis.

servilius.

N’en déplaise à Votre Honneur, monseigneur vous envoie…

lucius.

Ah ! que m’envoie-t-il ? — Je suis tellement attaché à ce seigneur ! il envoie toujours. Comment puis-je le remercier, dis-moi ?… Et que m’envoie-t-il à présent ?

servilius.

Il vous envoie seulement une supplique urgente, monseigneur ; il conjure Votre Seigneurie de lui avancer immédiatement un certain nombre de talents…

lucius.

— Je vois que ce seigneur veut badiner avec moi ; — eût-il besoin de cinq mille talents, il les trouverait sans peine.

servilius.

— En attendant, il a besoin d’une somme bien moindre, monseigneur. — Si sa situation n’était pas grave, — je n’insisterais certes pas si chaleureusement.

lucius.

— Est-ce que tu parles sérieusement, Servilius ?

servilius.

Sur mon âme, rien n’est plus vrai, monsieur.

lucius.

Quelle maudite bête je suis de m’être dégarni à l’heureux moment où je pouvais me montrer honorable ! Quel malheur que j’aie acquis hier un chétif coin de terre pour perdre un tel honneur !… Servilius, par les dieux qui m’écoutent, je ne puis faire la chose : bête que je suis ! J’allais