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SCÈNE IV.

côté, — en disant que vous les aviez vérifiés dans mon honnêteté. — Quand en retour de quelque futile présent vous me disiez — de donner tant, je secouais la tête et je pleurais ; — en dépit même de la déférence, je vous priais — de tenir votre main plus serrée. J’ai enduré — souvent d’assez rudes réprimandes, pour — vous avoir signalé la baisse de votre fortune — et la marée toujours montante de vos dettes. Mon bien-aimé seigneur, — quoiqu’il soit trop tard, il faut enfin que vous l’appreniez : — le maximum de votre avoir ne suffirait pas — à payer la moitié de vos dettes.

timon.

Qu’on vende toutes mes terres.

flavius.

— Elles sont toutes engagées ; une partie est aliénée et perdue ; — et ce qui reste pourrait à peine fermer la bouche — aux créances immédiates : les créances à venir se présenteront vite. — Comment ferons-nous face à l’intérim ? et en fin — de compte que deviendrons-nous ?

timon.

— Mon domaine s’étendait jusqu’à Lacédémone.

flavius.

— Ô mon bon seigneur, le monde n’est qu’un mot ! — S’il dépendait de vous de le donner d’un souffle, — que vite vous l’auriez perdu !

timon.

Vous dites vrai.

flavius.

Si vous suspectez ma gestion, ma loyauté, — citez-moi devant les arbitres les plus rigoureux — et soumettez-moi à une enquête. J’en atteste les dieux, — quand tous nos offices étaient encombrés — de pique-assiettes avinés, quand les libations de l’ivresse — faisaient pleurer nos caves, quand toutes les salles — flamboyaient de lumière et retentissaient de musique, — je me retirais dans quel-