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TIMON D'ATHÈNES.

SCÈNE III.
[La maison d’un sénateur à Athènes.]
Entre un sénateur, des papiers à la main.
le sénateur.

Et dernièrement cinq mille à Varron ; à Isidore, — il en doit neuf mille ; ce qui, joint aux sommes déjà prêtées par moi, — fait vingt-cinq mille… Et toujours sa fièvre — de prodigalité furieuse ! Cela ne peut durer ; cela ne durera pas. — Si j’ai besoin d’or, je n’ai qu’à voler le chien d’un mendiant, — et à le donner à Timon ; vite ce chien bat monnaie. — Si je veux vendre mon cheval et en acheter vingt autres — meilleurs, eh bien, je donne mon cheval à Timon, — sans rien demander : aussitôt donné, il me met bas sur-le-champ — un tas de chevaux excellents. Pas de portier sur le seuil, — mais un homme qui sourit et invite sans cesse — tous ceux qui passent. Cela ne peut durer. La raison — ne saurait croire solide une telle situation… Caphis ! holà ! — Caphis ! allons !


Entre Caphis.
caphis.

Voici, monsieur ! quel est votre bon plaisir ?

le sénateur.

— Mettez votre manteau, et courez chez le seigneur Timon. — Réclamez-lui mon argent ; ne vous laissez pas arrêter — par un refus évasif, ni réduire au silence par un — Recommandez-moi à votre maître débité, le chapeau — tournant dans la main droite, comme ceci… Mais dites-lui morbleu, — que mes besoins sont criants, que