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TIMON D'ATHÈNES.

lucilius.

— Oui, mon bon seigneur, et elle m’agrée.

le vieillard.

— Si elle se marie sans mon consentement, — j’en prends les dieux à témoin, je choisirai — pour héritier un des mendiants de ce monde, — et je la déposséderai.

timon.

Quelle doit être sa dot, — si elle épouse un mari sortable ?

le vieillard.

— Trois talents, pour le présent ; et plus tard tout ce que j’ai.

timon, désignant Lucilius.

— Ce gentilhomme m’a servi longtemps ; — pour fonder sa fortune, je veux faire un petit sacrifice, — car c’est un devoir d’humanité… Accordez-lui votre fille : — la dotation qu’il aura de moi fera contre-poids à la dot qu’elle aura de vous, — et je rétablirai l’équilibre entre lui et elle.

le vieillard.

Très-noble seigneur, — engagez-vous à cela sur l’honneur, et elle est à lui.

timon, tendant la main au vieillard.

— À toi ma main ; c’est une promesse d’honneur !

lucilius.

— Je remercie humblement Votre Seigneurie. — Désormais, je le déclare, — tout ce que je puis avoir de richesse et de fortune, je vous le dois.

Sortent Lucilius et le Vieillard.
le poète, présentant un manuscrit à Timon.

— Daignez agréer mon travail, et vive Votre Seigneurie !

timon.

— Je vous remercie ; vous aurez de mes nouvelles tout à l’heure : — ne partez pas.

Au peintre.

Qu’avez-vous là, mon ami ?