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SCÈNE I.

le peintre.

— Un tableau, monsieur… Et quand paraît votre livre ?

le poète.

— Aussitôt ma présentation faite, monsieur. — Voyons votre travail.

le peintre, montrant un tableau.

C’est un bon travail.

le poète.

— En effet : voici qui s’enlève parfaitement.

le peintre.

— C’est passable.

le poète.

Admirable ! Que cette gracieuse figure — a une attitude parlante ! Quelle puissance mentale — rayonne dans ce regard ! Quelle vaste imagination — fait mouvoir cette lèvre ! Tout muet qu’est ce geste, — on pourrait l’interpréter.

le peintre.

— C’est une parodie assez heureuse de la vie. — Voyez cette touche ; est-elle bonne ?

le poète.

J’ose dire — qu’elle en remontre à la nature : le souffle de l’art — qui anime ces traits est plus vivant que la vie.

On voit passer quelques sénateurs.
le peintre.

— Comme le seigneur Timon est recherché !

le poète.

— Les sénateurs d’Athènes !… Heureux homme !

D’autres personnages passent.
le peintre.

— Regardez, encore !

le poète.

— Vous voyez cette affluence, ce flot immense de