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SCÈNE XVII.

ment se fait-il que Claudio ait été décapité — à une heure inusitée ?

le prévôt.

C’est par commandement exprès.

le duc.

— Avez-vous reçu un mandat spécial pour l’exécution ?

le prévôt.

— Non, mon bon seigneur ; c’est en vertu d’un message privé.

le duc.

— Pour ce fait, je vous destitue de votre charge ; — rendez vos clefs.

le prévôt.

Pardonnez-moi, noble seigneur. — Je me doutais bien que c’était une faute, mais je n’en étais pas sûr ; — pourtant je me suis repenti après mûre réflexion ; — et la preuve, c’est qu’il y a dans la prison un homme — qui devait mourir en vertu d’un ordre privé — et que j’ai laissé vivre.

le duc.

Quel est cet homme ?

le prévôt.

Son nom est Bernardin.

le duc.

— Que n’as-tu agi de même à l’égard de Claudio !… — Va, amène-moi ce prisonnier, que je le voie.

Le prévôt sort.
escalus, à Angelo.

— Je regrette qu’un homme qui, comme vous, Angelo, — a toujours paru si éclairé et si sage, ait failli si grossièrement par l’ardeur des sens, — et ensuite par le manque de modération dans le jugement.

angelo.

— Je regrette de causer un pareil regret ; — et j’en ai le