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MESURE POUR MESURE.

fide, complice — de celle qu’on vient d’emmener ! crois-tu donc que tes serments, — quand ils invoqueraient tous les saints, — seraient des témoignages suffisants contre un mérite et une loyauté, — marqués au sceau de l’épreuve ? Vous, seigneur Escalus, — siégez avec mon cousin : prêtez-lui votre obligeante assistance — pour découvrir l’origine de cette diffamation. — Il y a un autre moine qui les a poussés ; — qu’on l’envoie chercher !

frère pierre.

Je voudrais qu’il fût ici, monseigneur ; car c’est lui effectivement — qui a poussé ces femmes à se plaindre ainsi. — Votre prévôt sait où il demeure, — et il peut l’amener.

le duc, au prévôt.

Allez, faites vite.

Le prévôt sort.

— Et vous, mon noble et inattaquable cousin, — vous à qui il importe de poursuivre cette affaire, — redressez vos griefs par le châtiment, quel qu’il soit, — qui vous conviendra. Moi, pour un moment, — je vais vous quitter ; mais ne bougez pas que vous n’ayez dûment — achevé l’instruction sur ces calomniateurs.

escalus.

Monseigneur, nous allons la faire à fond.

Le duc sort.

Signor Lucio, ne disiez-vous pas que vous connaissiez ce frère Ludovic pour un malhonnête homme ?

lucio.

Cucullus non facit monachum. Il n’est honnête que par l’habit ; et puis, il a tenu les plus infâmes propos sur le duc.

escalus.

Nous vous prierons de rester ici jusqu’à ce qu’il vienne, et d’en témoigner contre lui. Nous allons trouver dans ce moine un fameux drôle.

lucio.

Comme il n’en est pas à Vienne, sur ma parole.