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SCÈNE XII.

le prévôt.

Pardon, bon père ; mais cela est contre mon serment.

le duc.

Avez-vous juré fidélité au duc, ou à son lieutenant ?

le prévôt.

À lui et à ses délégués.

le duc.

Vous serez sûr de n’avoir commis aucune forfaiture, si le duc sanctionne la justice de votre conduite ?

le prévôt.

Quelle probabilité y a-t-il à cela ?

le duc.

Il y a non-seulement vraisemblance, mais certitude. Mais puisque je vous vois si craintif, puisque ni ma robe, ni mon intrépidité, ni mes raisons ne sauraient vous imposer suffisamment, j’irai plus loin que je ne voulais pour dissiper toutes vos craintes.

Il tire un papier cacheté et le montre au prévôt.

Regardez, monsieur, voici la main et le sceau du duc. Vous connaissez l’écriture, je n’en doute pas, et le cachet ne vous est pas étranger.

le prévôt, examinant le papier.

Je les reconnais tous deux.

le duc.

Le contenu annonce le retour du duc ; vous le lirez tout à l’heure à loisir, et vous y verrez qu’il sera ici avant deux jours. C’est une chose qu’Angelo ne sait pas ; car aujourd’hui même il reçoit une lettre d’une étrange teneur : peut-être le duc est-il mort, peut-être est-il entré dans un monastère, peut-être aussi n’y a-t-il rien de vrai dans tout cela !… Voyez, l’étoile du berger l’invite à déparquer… Ne vous récriez pas à la possibilité de toutes ces choses : tous les problèmes sont aises, dès qu’ils sont connus. Ap-