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MESURE POUR MESURE.

coude.

Morbleu ! monsieur, il a offensé la loi, et nous le soupçonnons aussi, monsieur, d’être un voleur, monsieur. Car nous avons trouvé sur lui, monsieur, une fausse clé étrange que nous avons envoyée au lieutenant.

le duc.

— Fi, drôle ! ruffian, ignoble ruffian ! — Le mal que tu fais faire — est donc ta ressource pour vivre ? Songes-tu à ce que c’est — que de bourrer une panse et de vêtir une échine — du produit de ce vice immonde ? Dis-toi : — de leur abominable et bestial attouchement, — je bois, je mange, je m’habille, et je vis ! — Crois-tu que ce soit vivre que de devoir le vivre — à une chose si infecte ? Va, réforme-toi, réforme-toi. —

le clown.

En effet, monsieur, elle infecte quelque peu ; mais pourtant, monsieur, je vous prouverai…

le duc.

— Ah ! si le diable te fournit des preuves pour excuser le péché, — c’est bien la preuve que tu seras des siens… Officier, emmenez-le en prison ; — la correction et l’instruction devront être mises en œuvre, — avant que cette brute s’amende.

coude.

Il doit comparoir devant le lieutenant, monsieur : il lui a déjà donné une semonce. Le lieutenant ne saurait tolérer un putassier. S’il est souteneur de putains et qu’il comparaisse devant lui, autant vaudrait pour lui faire une commission à un mille de céans.

le duc.

— Plût au ciel que nous fussions tous ce que quelques-uns veulent paraître, — exempts de vices, ou du moins dans le vice exempts d’hypocrisie !