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SCÈNE IX.

isabelle.

Que me voulez-vous ?

le duc.

Si vous pouviez disposer de quelque loisir, je voudrais avoir tout à l’heure un entretien avec vous. La satisfaction que j’ai à vous demander est dans votre intérêt même.

isabelle.

Je n’ai pas de loisir superflu. Le temps que je resterai doit être volé à d’autres affaires ; mais je veux bien vous écouter un moment.

le duc, bas, à Claudio.

Mon fils, j’ai entendu ce qui s’est passé entre vous et votre sœur. Angelo n’a jamais eu l’intention de la corrompre ; il n’a voulu que mettre sa vertu à l’épreuve, pour exercer son jugement à l’étude de la nature humaine. Ayant le vrai sentiment de l’honneur, elle lui a signifié ce gracieux refus qu’il a été fort aise de recevoir. Je suis le confesseur d’Angelo, et je sais que telle est la vérité. Préparez-vous donc à la mort. Ne leurrez pas votre résolution d’espérances décevantes. Demain vous devez mourir ; mettez-vous à genoux et tenez-vous prêt.

claudio.

Que ma sœur me pardonne ! Je suis tellement désenchanté de la vie que je veux faire des vœux pour en être débarrassé.

le duc.

Persévérez dans ces sentiments. Adieu.

Claudio sort.


Rentre le Prévôt.

Prévôt, un mot !

le prévôt.

Que voulez-vous, mon père ?