Est-ce qu’il n’y a pas de remède ?
Aucun, si ce n’est un remède qui, pour sauver une tête, — briserait un cœur.
En existe-t-il un ?
— Oui, frère, vous pouvez vivre. — Il y a dans votre juge une diabolique clémence — qui, si vous l’implorez, vous laissera la vie, — mais vous enchaînera jusqu’à la mort !
Une prison perpétuelle ?
— Oui, justement, une prison perpétuelle, une réclusion — qui, eussiez-vous le monde entier pour vous mouvoir, — vous retiendra à la chaîne.
Mais par quel moyen ?
— Par un moyen qui, si vous l’acceptez, — vous enlèvera l’écorce de l’honneur — et vous laissera nu.
Explique-toi.
— Oh ! je me défie de toi, Claudio, et je tremble — que l’amour d’une existence fébrile — ne te fasse préférer six ou sept hivers — à un perpétuel honneur. As-tu le courage de mourir ? — La douleur de la mort est surtout dans l’appréhension ; — et le pauvre scarabée, sur lequel nous marchons, — subit, en souffrance corporelle, des angoisses aussi grandes — que le géant qui meurt !