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SCÈNE V.

êtes le grand Pompée. Pompée, vous êtes tant soit peu maquereau, Pompée, quelque couleur que vous donniez à la chose en vous disant cabaretier. N’est-ce pas ? Allons, dites-moi la vérité : cela vaudra mieux pour vous.

le clown.

Ma foi, monsieur, je suis un pauvre hère qui désire vivre.

escalus.

Comment désirez-vous vivre, Pompée ? En vous faisant maquereau ! Que pensez-vous de ce métier-là, Pompée ? Est-ce un métier légitime ?

le clown.

Oui, monsieur, si la loi voulait le permettre.

escalus.

Mais la loi ne veut pas le permettre, Pompée, et il ne sera pas permis à Vienne.

le clown.

Est-ce que Votre Excellence entend mutiler et châtrer toute la jeunesse de la cité ?

escalus.

Non, Pompée.

le clown.

En ce cas, monsieur, dans mon humble opinion, ils iront toujours à la chose. Si Votre Excellence veut prendre des mesures à l’égard des gaupes et des ribauds, elle n’aura plus à redouter les maquereaux.

escalus.

De jolies mesures viennent d’être inaugurées, je puis vous le dire. Il ne s’agit que d’être décapité ou pendu.

le clown.

Si vous décapitez et pendez, seulement pendant dix ans, ceux qui commettent ce délit-là, vous ferez bien de donner commission pour avoir de nouvelles têtes. Si cette loi-là tient à Vienne dix ans, je veux louer la plus belle maison