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SCÈNE V.

république que ceux qui usent de continuels abus dans les maisons publiques, je ne connais plus de loi… Amenez-les.

angelo, à Coude.

Eh bien, monsieur, quel est votre nom ? Et de quoi s’agit-il ?

coude.

S’il plaît à Votre Honneur, je suis le pauvre constable du duc, et j’ai nom Coude ; je m’appuie sur la justice, monsieur, et j’amène ici devant Votre Bonne Seigneurie deux bienfaiteurs notoires.

Il montre Écume et le clown.
angelo.

Des bienfaiteurs ? Bon ! Des bienfaiteurs de quelle espèce ? Ne seraient-ce pas des malfaiteurs ?

coude.

S’il plaît à Votre Honneur, je ne sais pas bien ce qu’ils sont ; mais ce sont des coquins avérés, pour ça, j’en suis sûr, et exempts de toutes les profanations que doivent avoir de bons chrétiens.

escalus.

Excellent exposé ! voilà un officier capable !

angelo.

Allons, quelles sont leurs qualités ? Vous vous appelez Coude ?… Pourquoi ne parles-tu pas, Coude ?

le clown.

Il ne peut pas, monsieur, il y a un trou à ce coude-là.

angelo, au clown.

Et qui êtes-vous, monsieur ?

coude.

Lui, monsieur ? un cabaretier, monsieur, à moitié maquereau, un gaillard qui sert une mauvaise femme dont la maison, monsieur, a été abattue dans le faubourg, à ce qu’on dit, et maintenant elle fait profession de tenir une