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SCÈNE I.

comme nous-même. Qu’à Vienne la mort et la clémence — respirent sur tes lèvres et dans ton cœur. Le vieil Escalus, — quoique le premier nommé, n’est que ton second. — Prends ta commission.

Il lui remet un parchemin.
angelo.

Attendez, mon bon seigneur, — que mon métal ait été un peu mieux éprouvé — pour y frapper une si noble et si auguste figure.

le duc.

Plus d’excuses. — C’est par un choix mûr et réfléchi que nous avons — eu recours à vous. Acceptez donc vos dignités. — Notre hâte de partir est si vive — qu’elle n’écoute qu’elle-même et laisse indécises — des questions d’une haute importance. Nous comptons, — quand nous y serons conviés par les circonstances et par nos intérêts, — vous écrire de nos nouvelles ; et nous nous attendons à apprendre — ce qui vous arrivera ici. Sur ce, adieu. — Je vous laisse à l’exécution fructueuse — de vos devoirs.

angelo.

Au moins, monseigneur, accordez-nous la permission — de vous accompagner une partie du chemin.

le duc.

Ma hâte ne l’admet pas. — Sur les honneur à me rendre n’ayez aucun scrupule. Votre liberté d’action est aussi grande que la mienne : — vous pouvez aggraver ou mitiger les lois — au gré de votre conscience. Donnez-moi votre main : — je veux partir secrètement. J’aime le peuple, — mais il ne me plaît pas de parader sous ses yeux. — Si flatteurs qu’ils soient, je n’ai pas grand goût — pour ses bruyants applaudissements et pour ses véhéments vivats, — et je ne crois pas d’une sage discrétion l’homme — qui les recherche. Encore une fois, adieu.