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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.
d’écume, comme un sanglier furieux ? — Est-ce que je n’ai pas entendu gronder les grandes batteries dans la plaine, — et l’artillerie du ciel dans les nuages ? — Est-ce que je n’ai pas, dans une bataille rangée, entendu — les bruyantes alarmes, le hennissement des coursiers et le cri des trompettes ? — Et vous venez me parler de la langue d’une femme, — qui frappe bien moins l’oreille — qu’une châtaigne éclatant dans l’âtre d’un fermier ! — Bah ! bah ! gardez vos épouvantails pour faire peur aux enfants.
GRUMIO, à part.

— Car lui, il n’en a pas peur.

GREMIO.

— Écoutez, Hortensio ! — Ce gentilhomme est venu fort à propos, — à ce que je présume, pour son bien et pour le nôtre.

HORTENSIO.

— Je lui ai promis que nous contribuerions pour lui — et que, pendant qu’il fera sa cour, nous défrayerions ses dépenses.

GREMIO.

— J’y consens, pourvu qu’il réussisse auprès d’elle.

GRUMIO, à part.

— Je voudrais être aussi sûr de bien dîner.

Entre Tranio, richement vêtu, suivi de Biondello.
TRANIO.

— Messieurs, Dieu vous garde ! Excusez la liberté que je prends, — et veuillez me dire, je vous prie, quel est le plus court chemin — pour aller chez le signor Baptista Minola.

BIONDELLO.

— Celui qui a deux jolies filles !