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SCÈNE II.
son, — je vous dirai une nouvelle, assez bonne pour tous deux. — Voici un gentilhomme que j’ai rencontré, par hasard, — et qui, d’après une convention faite entre nous, à l’amiable, — se charge de faire la cour à la maudite Catharina, — voire même de l’épouser, si sa dot lui convient.
GREMIO.

— Ainsi dit, ainsi fait, et tout est pour le mieux. — Hortensio, lui avez-vous dit tous ses défauts ?

PETRUCHIO.

— Je sais que c’est une insupportable braillarde ; — si c’est là tout, mes maîtres, je n’y vois pas de mal.

GREMIO.

Ah ! vraiment, l’ami ! De quel pays êtes-vous ?

PETRUCHIO.

— Je suis né à Vérone et fils du vieil Antonio. — Mon père étant mort, ma fortune survit pour moi ; — et j’espère voir de bons et de longs jours.

GREMIO.

— Oh ! monsieur, une telle vie, avec une telle femme, serait au moins étrange. — Pourtant, si le cœur vous en dit, au nom de Dieu, en avant ! — Vous pouvez compter sur mon assistance en tout. — Mais, vraiment, voulez-vous faire la cour à cette chatte sauvage ?

PETRUCHIO.

— Veux-je vivre ?

GRUMIO, à part.

— S’il lui fera la cour ! Certes ! je la pendrais plutôt !

PETRUCHIO.

— Pourquoi suis-je venu ici, sinon dans ce but ? — Croyez-vous qu’un peu de tapage puisse effaroucher mes oreilles ? Est-ce que je n’ai pas, dans mon temps, entendu les lions rugir ? — Est-ce que je n’ai pas entendu la mer, soulevée par les vents, — faire rage, toute suante.