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SCÈNE I.

BIONDELLO.

— Moi, monsieur ? pas du tout.

LUCENTIO.

— Surtout, n’ayez pas à la bouche le nom de Tranio : — Tranio est changé en Lucentio.

BIONDELLO.

— Tant mieux pour lui. Je voudrais l’être aussi, moi !

TRANIO.

— Je le voudrais aussi, mon garçon, fût-ce à cette condition — que Lucentio épousât la fille cadette de Baptista ! — Çà, drôle, je vous conseille, par respect non pour moi, mais pour mon maître, — de vous conduire avec discrétion dans toute espèce de société. — Quand je suis seul, soit ! je suis Tranio ; — mais, partout ailleurs, je suis Lucentio votre maître !

LUCENTIO.

— Partons, Tranio. — Il ne te reste plus qu’une chose à exécuter : — tu vas prendre rang parmi ces soupirants. Si tu me demandes pourquoi, — qu’il te suffise de savoir que mes raisons sont bonnes et importantes. —

Ils sortent.
PREMIER VALET, à Sly.

Milord, vous sommeillez ; vous ne faites pas attention à la pièce.

SLY.

Si fait ; par sainte Anne ! C’est une bonne farce, vraiment ! Y en a-t-il encore ?

LE PAGE.

Milord, cela commence à peine.

SLY.

C’est un chef-d’œuvre fort excellent, madame lady. Je voudrais qu’il fût achevé.