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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

SLY.

Quartenier, vingtenier ou centenier, je lui répondrai la loi à la main ; je ne bougerai pas d’un pouce ; qu’il vienne et poliment !

Il s’affaisse à terre et s’endort.
Fanfare de corps. Entre un Lord, en habit de chasse, suivi de piqueurs et de valets.
LE LORD.

— Piqueur, je te recommande de bien soigner mes chiens, — surtout Frétillant ; le pauvre animal est tout enflé ! — Accouple Nébuleuve avec la braque à large gueule. — As-tu vu, mon garçon, comme Argent a bien relancé — au coin de la haie, quand tous les autres étaient en défaut ? — Je ne voudrais pas perdre ce chien-là pour vingt livres.

PREMIER PIQUEUR.

— Eh ! Carillon le vaut bien, milord ; — il a aboyé au moindre écart du gibier, — et deux fois aujourd’hui il a retrouvé la piste la plus éventée. — Croyez-moi, c’est le meilleur chien.

LE LORD.

— Tu es un imbécile. Si Écho était un peu plus leste, — j’estime qu’il en vaudrait douze comme Carillon. — Mais fais-les bien souper, et veille sur eux tous. — J’entends chasser demain encore.

PREMIER PIQUEUR.

C’est bien, milord.

LE LORD, apercevant Sly.

— Qu’est cela ? un homme mort ou ivre ? Vois donc, respire-t-il ?

DEUXIÈME PIQUEUR.

— Il respire, milord. S’il n’était pas échauffé par la bière, — ce serait un lit bien froid pour y dormir si profondément.