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NOTES.

« Je ne veux pas vanter ce que je ne désire pas vendre. » — Sonnet 21 dans l’édition anglaise, 13 dans mon édition.

(44) Shakespeare a reproduit à l’éloge de sa maîtresse cette hyperbole de Biron, lorsqu’il a dit dans son onzième sonnet :

Then will I swear beauty herself is black,
And all they foul, that thy complexion lack.

« Alors je jurerai qu’il n’y a de beauté que la brune et qu’elles sont toutes laides celles qui n’ont pas ton teint. »

(45) Ici encore l’amoureux des Sonnets parle comme Biron :

My mistress’eyes are raven black,
Her eyes so suited ; and they mourners seem
At such, who, not born fair, no beauty lack,
Slandering creation wish a false esteem :
Yet so they mourn, becoming of their woe,
That every tongue says, beauty should look so.

« Les yeux de ma maîtresse sont noirs comme le corbeau, et cette couleur leur sied ; car ils semblent porter le deuil de toutes ces beautés qui, n’étant pas nées blondes, calomnient la création par une fausse apparence. Mais la couleur du deuil va si bien à ses yeux chagrins que tout le monde dit : « La beauté devrait être brune. » Sonnet 9, édition française ; 127, édition anglaise.

C’est, on le voit, la même idée exprimée presque dans les mêmes termes. Je m’étonne que cette analogie frappante entre le poëme et la comédie ait jusqu’ici échappé à tous les commentateurs. — Il est probable, selon moi, que, lorsque Shakespeare composait Peines d’amour perdues, la brune et sémillante héroïne de ses Sonnets posait devant lui pour le personnage de Rosaline. Cette conjecture, si elle était fondée, donnerait un intérêt nouveau à la coquette figure que le poëte a mise sur la scène.

(46) Rosaline semble ici se moquer des marques que la petite vérole a laissées sur le visage de Catherine.

(47) C’était l’inscription que l’on mettait sur la porte des maisons pestiférées.

(48) L’intermède que le poëte introduit ici est une parodie de cette farce, si populaire parmi nos aïeux, où figuraient côte à côte les héros de l’antiquité païenne, de l’antiquité juive et du moyen âge.