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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE, ETC.

POLIDOR.

— Je voudrais que ton maître fut en veine une bonne fois — d’essayer à séduire une fille.

FERANDO.

— Eh ! mais je vais essayer tout de suite.

SANDER.

— Oui, vraiment, monsieur, mon maître va se mettre à cette besogne-là.

POLIDOR.

— Auprès de qui, Ferando ? Parle-moi franchement.

FERANDO.

— Auprès de la bonne Cateau, la plus patiente fille du monde : — le diable lui-même oserait à peine se risquer à lui faire la cour. — Le signor Alfonso dont elle est la fille aînée — m’a promis six mille couronnes — si je puis me faire épouser d’elle. — C’est en grognant que nous devons soupirer, elle et moi ; — je lui tiendrai tête jusqu’à ce qu’elle soit épuisée, — si je ne puis l’amener autrement à m’accorder son amour,

POLIDOR.

— Qu’en pensez-vous, Aurelius ? Je crois vraiment qu’il avait deviné — nos désirs avant même que nous l’eussions envoyé chercher… — Mais, dis-moi, quand as-tu l’intention de lui parler ?

FERANDO.

— Ma foi, tout de suite. Retirez-vous un moment, — et je vais la faire appeler par son père. — Nous causerons seuls, elle, lui et moi.

POLIDOR.

— À merveille. Venez, Aurelius. — Partons et laissons-le.

Aurelius et Polidor sortent.
FERANDO, appelant.

— Holà ! signor Alfonso !… Y a-t-il quelqu’un ici ?

Paraît Alfonso (Baptista).
ALFONSO.

— Signor Ferando, soyez le très-bien venu. — Vous êtes étranger, monsieur, dans ma maison. — Vous m’entendez : ce que je vous ai promis, — je l’accomplirai, si vous obtenez l’amour de ma fille.

FERANDO.

— C’est convenu. Quand je lui aurai dit un mot ou deux, — paraissez et donnez moi sa main, — en l’informant du jour où aura lieu le mariage, — car je suis sûr qu’elle est toute disposée à se marier. — Une fois la cérémonie nuptiale accomplie, — laissez-moi seul l’apprivoiser : j’en viendrai à bout, — Sur ce, appelez-la que je lui parle !

Entre Catherine.
ALFONSO.

Ah ! Cateau, viens ici, fillette et écoute-moi. — Traite ce gentilhomme aussi amicalement que tu pourras.

Il sort.