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NOTES.
Quoi ! si profondément endormi ! — Allons enlevez-le et portez-le chez moi, — et portez-le doucement de peur qu’il ne s’éveille, — et faites du feu dans ma plus belle chambre, — et dressez un somptueux banquet, — et mettez-lui sur le dos mes plus riches vêtements ; — puis mettez-le à table dans un fauteuil. — Cela fait, il se réveillera. — Faites retentir alors une musique céleste autour de lui. — Que deux d’entre vous se retirent et l’emportent. — Je vous dirai alors ce que j’ai imaginé, — mais surtout prenez soin de ne pas le réveiller.
Deux valets emportent Sly.

— maintenant, prenez mon manteau, et donnez-moi l’un des vôtres. — nous sommes tous camarades à présent ; ayez soin de me traiter comme tel ; — nous allons nous poster auprès de cet ivrogne, — pour voir sa contenance quand il s’éveillera, — revêtu de si beaux atours, — au son d’une musique céleste, — ayant sous les yeux un pareil banquet. — sûrement le gaillard se figurera être au ciel ; — nous nous empresserons autour de lui dès qu’il s’éveillera. — ah ! ayez soin de l’appeler milord à chaque mot. — toi, tu lui offriras son cheval pour la promenade ; — toi, ses faucons, toi, ses limiers pour courir le cerf ; — et moi, je lui demanderai quelle parure il entend mettre. — quoi qu’il dise, veillez à ne pas rire, — et persuadez-lui toujours qu’il est lord.

Entre un Messager.
LE MESSAGER.

— Ne vous déplaise, milord, vos comédiens sont venus, — et attendent le bon plaisir de Votre Honneur.

LE LORD.

— Ils ne pouvaient choisir un moment plus favorable. — Dites à un ou deux de venir. — Je vais faire en sorte — qu’ils lui donnent une représentation dès qu’il s’éveillera.

Entrent deux Comédiens, ayant des valises sur le dos, et un Page.
LE LORD.

— Eh bien, messieurs, quelles pièces avez-vous en réserve ?

SANDER[1].

— Pardine, milord, vous pouvez en avoir une tragique, — ou une commodité, ou ce que vous voudrez.

AUTRE COMÉDIEN, à Sander.

— Tu devrais dire une comédie… Morbleu, tu vas nous faire honte.

LE LORD.

— Et quel est le titre de votre comédie ?

SANDER.

— Pardine, milord, elle s’appelle Une Sauvage apprivoisée. — C’est une bonne leçon pour nous, milord, qui sommes des gens mariés.

LE LORD.

Une Sauvage apprivoisée ! Ce doit être excellent. — Allez vous prépa-

  1. Probablement le nom de l’acteur comique qui remplissait ce rôle. Le valet de Ferando, qui figure plus loin, est désigné par le même nom.