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SCÈNE VIII.
vous. — Notre dévouement est si riche, si infini, — que nous pourrions aller toujours ainsi sans calculer. — Daignez montrer le radieux soleil de votre visage, — que comme des sauvages, nous puissions l’adorer !
ROSALINE.

— Mon visage n’est qu’une lune, et dans les nuages encore !

LE ROI.

— Heureux les nuages qui le couvrent ainsi ! — Daignez, brillante lune, et vous aussi, étoiles, ses satellites, — en écartant ces nuages, luire sur nos yeux humides.

ROSALINE.

— Ô vain pétitionnaire ! implore mieux que cela : — tu ne demandes qu’un reflet de lune sur l’eau.

LE ROI.

— Eh bien ! pour changer, accordez-nous une mesure de danse. — Vous m’avez dit de demander ; cette demande n’a rien d’étrange.

ROSALINE.

— Allons, musiciens, jouez.

La musique joue.

Mais faites vite… — Pas encore ! Décidément, pas de danse ! Vous le voyez, je change comme la lune.

LE ROI.

— Vous ne voulez pas danser ! D’où vous vient cette boutade ?

ROSALINE.

Vous aviez pris la lune dans son plein ; mais à présent il y a changement de lune.

LE ROI.

— Elle n’en est pas moins la lune, et moi l’homme de la lune. — La musique joue ; par grâce, suivons-en le mouvement.

ROSALINE.

— Nos oreilles le suivent.