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PEINES D'AMOUR PERDUES.

CATHERINE.

— Diantre de la plaisanterie ! Que la vérole grêle toutes les moqueuses !

LA PRINCESSE, à Catherine.

— Et vous, que vous a envoyé le beau Du Maine ?…

CATHERINE.

— Madame, ce gant.

LA PRINCESSE.

Est-ce qu’il ne vous a pas envoyé la paire ?

CATHERINE.

— Si fait, madame, et, en outre, — quelque mille vers d’amant fidèle, — immense fiction de l’hypocrisie, — méchante compilation d’une innocence affectée.

MARIA, montrant un collier et un papier.

— Ceci m’a été envoyé par Longueville avec ces perles : — la lettre est trop longue d’un demi-mille.

LA PRINCESSE.

— C’est mon avis. Ne souhaiterais-tu pas de tout cœur que le collier fût plus long et la lettre plus courte ?

MARIA.

— Oui, dussé-je pour cette prière avoir toujours les mains jointes ?

LA PRINCESSE.

— Quelles filles sages nous sommes de nous moquer ainsi de nos amoureux f

ROSALINE.

— Ils n’en sont que plus fous d’acheter nos moqueries si cher. — Ce Biron ! Je veux le torturer avant de partir. — Oh ! si je savais un moyen de le prendre à mes gages, — comme je le forcerais à ramper, à implorer, à supplier, — à attendre le moment, à observer les minutes, — à dépenser ses esprits prodigues en rimes superflues, — à se mettre au service de toutes mes fantaisies, — et à se glorifier de devenir, en me glorifiant, l’objet de mes