Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/400

Cette page a été validée par deux contributeurs.
402
PEINES D’AMOUR PERDUES.
ceraient abominable. C’est à frapper un homme d’insanité. Ne intelligis, domine ? C’est à rendre frénétique, lunatique.
NATHANIEL.

Laus Deo, bone intelligo.

HOLOPHERNE.

Bone ? c’est bene qu’il faut dire. Vous écorchez un peu la grammaire. N’importe.

Entrent Armado, Phalène et Trogne.
NATHANIEL.

Vides-ne quis venit ?

HOLOPHERNE.

Video et gaudeo.

ARMADO, à Phalène.

Maoufle !

HOLOPHERNE.

Quare maoufle, au lieu de maroufle !

ARMADO, se tournant vers Holopherne et Nathaniel.

Gens de paix, charmé de vous rencontrer !

HOLOPHERNE.

Salut, très-militaire seigneur !

PHALÈNE, bas à Trogne.

Ils ont été à un grand banquet de langues, et ils en ont volé les miettes.

TROGNE, bas à Phalène.

Oh ! ils vivent de tous les mots jetés au panier. Je m’étonne que ton maître, te prenant pour un mot, ne t’ait pas encore mangé, car il s’en faut de toute la tête que tu sois aussi long que honorificabilitudinitatibus. Tu’es plus facile à avaler qu’une rôtie.

PHALÈNE.

Silence ! Le feu commence.