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PEINES D'AMOUR PERDUES.

BOYET, à Maria.

— Si mon instrument est en dehors, en revanche le vôtre est en dedans.

TROGNE.

— Elle atteindra le but en faisant éclater la cheville.

MARIA.

— Allons, allons, vous avez le parler trop gras. Vos lèvres se salissent.

TROGNE.

— Elle est trop forte pour vous au tir, monsieur. Défiez-la aux boules.

BOYET.

— Je crains trop d’être écorché.

À Maria.

Bonne nuit, ma bonne chouette.

Boyet et Maria sortent.
TROGNE, seul.

— Sur mon âme, quel rustre ! quel nigaud ! — Seigneur ! seigneur ! comme ces dames et moi nous l’avons berné ! — Plaisanteries admirables, ma foi ! Parlez-moi de l’esprit, quand il est si naturel, si vulgaire, — et quand il coule de source avec tant d’obscénité et d’à-propos… — Armado ! oh ! voilà l’homme véritablement élégant ! Il faut voir comme il sait marcher devant une dame, lui porter son éventail, — lui envoyer un baiser de la main, et lui faire mille doux serments ! — Et puis il y a son page ! une poignée d’esprit ! — Ah ! ciel, c’est bien l’animalcule le plus pathétique qui soit. — Holà ! holà !

Bruit de chasse au loin. Trogne sort en courant.
Entrent Holopherne, Sire Nathaniel et Balourd.
NATHANIEL.

Voilà une chasse fort respectable, vraiment, et faite avec le témoignage d’une bonne conscience.