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PEINES D'AMOUR PERDUES.

TROGNE, à Phalène.

Ma chère once de chair humaine ! Mon charmant bijou !

Phalène sort.
TROGNE, seul.

À présent, voyons sa rémunération !

Il examine les quelques pièces que lui a données Armado.

Rémunération ! Oh ! c’est le mot latin pour dire trois liards. Trois liards : rémunération ! Combien ce cordonnet ?… Un sou ?… Non, je vous donnerai une rémunération ; et la chose est achetée. Rémunération ! Voilà un nom qui sonne mieux que celui d’un écu de France ! À l’avenir je ne ferai plus de marché sans ce mot-là.

Entre Biron.
BIRON.

Ah ! ce cher coquin de Trogne ! l’excellente rencontre !

TROGNE.

Pardon, monsieur. Combien de rubans couleur de chair un homme peut-il acheter pour une rémunération ?

BIRON.

Qu’entends-tu par une rémunération ?

TROGNE.

Eh bien, monsieur, un sou moins un liard.

BIRON.

Oh ! alors, tu peux acheter pour trois liards de soie.

TROGNE.

Je remercie Votre Révérence. Dieu soit avec vous !

BIRON.

— Oh ! arrête, maraud ! J’ai à t’employer. — Si tu veux gagner ma faveur, mon cher gueux, — fais pour moi une chose que je vais te demander. —