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SCÈNE IV.

PHALÈNE.

— Je vais l’expliquer d’une manière sensible.

TROGNE.

— Tu ne sens pas la chose comme moi, Phalène. C’est à moi que revient cet envoi-là :

Moi, Trogne, en m’évadant d’un lieu où j’étais en sûreté,
Je franchis le seuil et m’écorche le tibia.

ARMADO.

Laissons cette matière.

TROGNE.

Oui, attendons que la matière se porte à ma jambe.

ARMADO.

Trogne, l’ami, je vais t’affranchir.

TROGNE.

Oh ! c’est ça. Mariez-moi à quelque fille franche. Il me semble qu’ici encore je sens comme une oie.

ARMADO.

Sur mon âme, j’entends dire que je vais te mettre en liberté, délivrer ta personne. Tu étais claquemuré, garrotté, enfermé, captif.

TROGNE.

C’est vrai, c’est vrai ; et à présent vous allez être mon purgatif. Vous allez me relâcher.

ARMADO.

Je te donne ta liberté ; je t’élargis de prison ; et, comme condition, je ne t’impose que ceci : tu vas porter cette signification à la paysanne Jacquinette. Voici la rémunération.

Il lui donne une lettre et quelques pièces de menue monnaie.

Car, le plus bel attribut de mon honneur, c’est de rétribuer mes serviteurs… Suis-moi, Phalène.

PHALÈNE.

Oui, monsieur, comme une conclusion… Signor Trogne, adieu !