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PEINES D'AMOUR PERDUES.
cher aucune femme de sa cour silencieuse. — Il nous semble donc indispensable, — avant que nous franchissions des portes interdites, — de connaître ses intentions. Et c’est à cet effet — qu’enhardie par votre mérite nous vous désignons — comme notre avocat le plus éloquent. — Dites-lui que la fille du roi de France, — pour une affaire sérieuse qui réclame l’urgence, — sollicite une conférence personnelle avec Son Altesse. Hâtez-vous de lui signifier ce message, tandis que nous attendons ici, — avec l’humble visage des suppliants, sa volonté suprême.
BOYET.

— Je pars avec empressement, tout fier de cette mission.

Il sort.
LA PRINCESSE.

— Toute vanité est empressée, et telle est la vôtre. Se tournant vers les courtisans. — Quels sont les néophytes, mes aimés seigneurs, qui se sont associés au vœu du vertueux roi ?

PREMIER SEIGNEUR.

— Longueville est l’un d’eux.

LA PRINCESSE.

Connaissez-vous l’homme ?

MARIA.

— Je le connais, madame. C’est aux fêtes du mariage — célébré entre le seigneur de Périgord et la belle héritière — de Jacques Fauconbridge, en Normandie, que j’ai vu ce Longueville. — Il passe pour un homme de souverain mérite, — fort instruit dans les arts, glorieux sous les armes : — tout ce qu’il veut lui réussit. — La seule tache à l’éclat d’une si belle vertu — (si à l’éclat de la vertu quelque chose peut faire tache), — c’est la combinaison d’un esprit trop acéré et d’une volonté trop ob-