Rien, maître Phalène, que ce qu’on lui montrera. Il ne sied pas aux prisonniers d’être trop silencieux en paroles, et aussi je ne dirai rien. Grâce à Dieu, j’ai autant d’impatience qu’un autre homme ; et aussi, je saurai rester tranquille.
J’adore jusqu’à la terre vile que foule son soulier plus vil, guidé par son pied si vil ! Si j’aime, je me parjure, ce qui est une grande preuve de déloyauté. Et comment l’amour peut-il être loyal, quand il naît déloyalement ? L’amour est un esprit familier ; l’amour est un diable ; il n’y a de mauvais ange que l’amour. Et pourtant Samson a été tenté comme moi, et il avait une force supérieure. Pourtant Salomon a été séduit comme moi, et il avait une fort grande sagesse. La flèche de Cupidon est trop acérée pour la massue d’Hercule ; aussi est-elle irrésistible pour la rapière d’un Espagnol. Les premières règles de l’art ne me serviront de rien ; il ne se soucie pas de l’escrime, il se joue des lois du duel ! Son humiliation est d’être appelé enfant, mais sa gloire est de vaincre les hommes. Adieu, valeur ! Rouille-toi, rapière ! Silence, tambour ! Votre maître est amoureux ; oui, il aime !… Que quelque dieu de la rime impromptue m’assiste ; car, à coup sûr, je vais tourner au faiseur de sonnets. Rêve, esprit ! Écris, plume ! Car j’ai à produire des in-folios entiers !