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PEINES D'AMOUR PERDUES.

SCÈNE II.
[Une autre partie du parc. Devant le logis de don Armado.]
Entrent Armado et Phalène son page.
ARMADO.

Page, quel signe est-ce, quand un homme à l’âme vraiment grande devient mélancolique ?

PHALÈNE.

C’est un grand signe, monsieur, qu’il aura l’air triste.

ARMADO.

Mais la tristesse et la mélancolie sont une seule et même chose, cher marmouset.

PHALÈNE.

Non ! non ! mon Dieu ! Seigneur, non.

ARMADO.

Comment peux-tu séparer la tristesse de la mélancolie, mon tendre jouvenceau ?

PHALÈNE.

Par une démonstration familière de leurs effets, mon raide ci-devant.

ARMADO.

Pourquoi raide ci-devant ? pourquoi raide ci-devant ?

PHALÈNE.

Pourquoi tendre jouvenceau ? pourquoi tendre jouvenceau ?

ARMADO.

J’ai dit « tendre jouvenceau, » parce que telle est l’épithète congrue qui sied à tes jeunes jours que nous pouvons appeler tendres,

PHALÈNE.

Et moi, « raide ci-devant, » parce que tel est le titre