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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

LA VEUVE.

— Je suis sa mère, Sire. Ma vieillesse et mon honneur — souffrent du mal que nous vous dénonçons, — et tous deux y succomberont, si vous n’y portez remède.

LE ROI.

— Approchez, comte. Connaissez-vous ces femmes ?

BERTRAND.

— Monseigneur, je ne puis ni veux le nier, je les connais. M’accusent-elles d’autre chose ?

DIANA, à Bertrand.

— Pourquoi jetez-vous sur votre femme un regard si étrange ?

BERTRAND.

— Elle ne m’est rien, monseigneur.

DIANA.

Si vous vous mariez, vous donnerez à une autre cette main qui est à moi. — À une autre vous donnerez cette foi sacrée qui est à moi. — Vous me donnerez moi-même qui certes suis à moi ! — Car vos vœux m’ont à ce point incorporée à vous, — que celle qui vous épousera devra m’épouser, — ne pouvant s’unir à vous sans s’unir à nous deux. —

LAFEU, à Bertrand.

Votre réputation n’est pas à la hauteur de ma fille : vous n’êtes pas un mari pour elle.

BERTRAND, au roi.

— Monseigneur, cette femme est une créature folle et désespérée ; — avec qui il m’est parfois arrivé de rire. Que Votre Altesse — ait de mon honneur assez noble opinion — pour le croire incapable de tomber si bas.

LE ROI.

— Mon opinion, monsieur ! vous serez bien avec elle, — quand vos actes vous l’auront conciliée. Puissent les