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SCÈNE XXII.

PAROLES.

Je vous en prie, monsieur, remettez ce papier à son adresse.

LE CLOWN.

Pouah !… Éloigne-toi, je te prie !… Moi, donner à un grand seigneur un papier venu de la chaise percée de la Fortune !… Tiens, le voici en personne.

Entre Lafeu.
LE CLOWN, à Lafeu.

Messire, voici un miaou de la Fortune, un chat (mais pas un chat musqué), qui est tombé dans le sale étang des défaveurs de la Fortune et qui, dit-il, en est sorti tout boueux. Je vous en prie, faites ce que vous pourrez pour ce carpillon ; car il a la mine d’un pauvre, misérable, malin, niais et méchant drôle. J’octroie à sa détresse l’aumône de mon sourire, et sur ce je l’abandonne à Votre Seigneurie.

Il sort.
PAROLES.

Monseigneur, je suis un homme que la Fortune a cruellement égratigné.

LAFEU.

Et que voulez-vous que j’y fasse ? Il est trop tard à présent pour lui rogner les ongles. Quel tour de coquin avez-vous donc joué à la fortune, pour qu’elle vous égratigne ainsi, elle qui, en sa qualité d’honnête dame, ne permet pas aux coquins de prospérer longtemps sous son égide ?

Lui donnant une pièce de monnaie.

Voici un quart d’écu pour vous. Que la justice de paix vous réconcilie, vous et la Fortune ! J’ai d’autres affaires.