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SCÈNE XX.
désirs dupés — fait souillure à la nuit noire ! Ainsi la luxure caresse — l’objet abhorré qu’elle prend pour l’objet absent. — Mais nous en reparlerons… Vous, Diana, — soumise à mes pauvres instructions, vous aurez à souffrir — encore pour moi.
DIANA.

Quand je devrais mourir, — pourvu que ce soit avec honneur, je suis prête — à tout souffrir sur votre ordre.

HÉLÈNE.

Ah ! de grâce, — rien qu’un peu de patience ! le temps ramènera l’été, — et alors les églantiers auront des fleurs aussi bien que des épines : — après la piqûre, le parfum !… Partons. — Notre voiture est prête et les délais nous font tort. — Tout est bien qui finit bien : le dénoûment, c’est la couronne : — quelles qu’aient été les vicissitudes, la fin seule est décisive.

Elles sortent.

SCÈNE XX.
[Dans le château des comtes de Roussillon.]
Entrent la Comtesse, Lafeu et le Clown.
LAFEU.

Non, non, non, votre fils a été égaré par un faquin en taffetas dont le funeste safran (27) teindrait de sa couleur toute la jeune pâte d’une nation. Sans lui, votre bru vivrait encore ; et votre fils serait ici, bien mieux servi par le roi que par le frelon à queue rouge dont je parle.

LA COMTESSE.

Que je voudrais ne pas l’avoir connu ! Il a été la mort de la plus vertueuse femme que jamais la nature ait eu la gloire de créer. Eût-elle été formée de ma chair, m’eût-