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SCÈNE XVIII.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

J’ai ouï dire qu’il a été fait des ouvertures de paix.

PREMIER SEIGNEUR.

Pour cela, je puis vous l’assurer, la paix est conclue.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Que va faire le comte de Roussillon alors ? Va-t-il voyager ailleurs ou retourner en France ?

PREMIER SEIGNEUR.

Je m’aperçois à cette demande que vous n’êtes pas tout à fait dans sa confidence.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

À Dieu ne plaise, monsieur ! J’aurais une trop grande complicité dans ses actes.

PREMIER SEIGNEUR.

Il y a quelque deux mois, monsieur, sa femme a fui de son château, sous prétexte d’un pèlerinage à Saint-Jacques-le-Grand, sainte entreprise qu’elle a accomplie avec la plus austère dévotion ! Pendant qu’elle résidait là, la délicatesse de sa nature est devenue la proie de sa douleur. Enfin, elle a rendu dans un gémissement le dernier soupir, et maintenant elle chante au ciel.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Comment cela a-t-il été prouvé ?

PEREMIER SEIGNEUR.

Principalement par ses propres lettres qui certifient son histoire jusqu’au moment de sa mort. Sa mort elle-même, qu’il ne lui appartenait pas de raconter, est fidèlement affirmée par le curé de l’endroit.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Le comte a-t-il ces nouvelles ?

PREMIER SEIGNEUR.

Oui, avec toutes les particularités, avec les moindres détails dont puisse être armée la vérité.